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Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/245

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la bretagne et les bretons.

sa lamentable complainte. Dans les campagnes encore ces malheureux trouvaient quelques secours. Quoique peu ami du Kernewote des montagnes, le Léonard des basses terres n’osait repousser l’hôte de Dieu, et il le recevait à son foyer ; mais dans les villes, les habitans avaient fermé leurs portes, et, tranquilles, ils regardaient de leurs fenêtres ces bandes misérables marchant à la faim comme des soldats à l’ennemi. L’habitude de voir souffrir avait formé un cal sur leurs cœurs.

Je me rappelle, à cette occasion, avoir vu une jeune Cornouaillaise, avec deux tout petits enfans, dont l’un avait la rougeole et râlait d’agonie, assise sous le balcon d’une maison où l’on donnait un bal. La foule parée passait près d’elle sans la remarquer. Cependant un domestique l’aperçut enfin,