Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 2), 1836.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
les derniers bretons.

On conçoit quelle influence a dû acquérir la chanson ainsi popularisée. Elle est devenue, selon l’expression d’un poète du pays, un couteau à deux lames, que l’on peut enfoncer au besoin dans la gorge d’un ennemi. Cependant il est juste de dire qu’elle a conservé une impartialité rarement démentie, et qu’il serait heureux de trouver dans notre journalisme plus civilisé. La chanson bretonne, quand elle est satirique, exprime réellement l’opinion. Souvent on ne pourrait dire qui l’a faite ; la clameur publique a été le poète.

Ce caractère de rigoureuse équité lui a donné une véritable magistrature populaire. Elle est chargée de réviser les sentences de la justice, comme autrefois le tribunal des francs-juges. À elle appartient la défense de cette moralité de cœur en dehors des lois,