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les derniers bretons.

de la justice des tribunaux, la justice populaire se chargea de la punition du crime. La jeune fille fut rejetée de la société des chrétiens, et tout le monde s’écarta d’elle comme si la lèpre l’eût atteinte. Chassée de toutes les métairies, nul paysan ne voulut plus de ses services, nul propriétaire ne voulut lui louer une cabane, et elle n’eut bientôt d’autre abri que le porche de l’église. Partout où elle passait, on voyait chacun se jeter de côté. À la fontaine, lorsqu’elle arrivait, les femmes tiraient leurs cruches en disant :

— Place à la tueuse.

C’était le nom qu’on lui avait donné. Pour mettre le sceau à la réprobation publique, on fit une chanson dans laquelle la mort du jeune marin était racontée avec tous ses affreux détails. Alors, partout où la jeune