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poésies de la bretagne.

forcément pour le port de Brest, il en était parti avec ses compagnons, et était venu combattre à Auray, sans qu’il lui eût été possible de faire autrement. Cette position, comprise par le paysan, parce que c’était celle de plusieurs de leurs enfans, fit plaindre la mort du marin, et rendit odieuse celle qui l’avait assassiné. Il y avait, d’ailleurs, dans les circonstances du meurtre une basse scélératesse qui répugnait à tous. On n’avait pas tué cet homme pour le tuer, mais pour le voler, et c’était là ce qui faisait horreur à la foule, toujours si scrupuleuse, comme on sait, à cet égard. Dans de pareils cas, l’argent tache plus les mains que le sang : aussi y eut-il un cri général de colère contre la paysanne. Et, comme il arrive dans toutes ces réactions généreuses, où l’esprit de parti le cède un instant à la voix de l’équité, l’indignation fut excessive et sans frein. À défaut