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poésies de la bretagne.

çon à terre en jetant un cri, et s’enfuit à toutes jambes.

C’était trop de honte et de douleur pour elle ; la tueuse y succomba et perdit la raison.

Quand je la vis, il y avait déjà plusieurs années qu’elle était folle ; je fus frappé de son aspect. C’était encore une large et forte fille d’environ vingt-quatre ans, carrément taillée à l’ébauchoir. Ses membres, où les muscles et les veines disparaissaient, enfouis dans des chairs tannées, semblaient formés de deux pièces lourdement articulées. Elle rappelait, pour l’ensemble, ces Vierges de pierre que l’on voit debout dans les niches de nos fontaines consacrées : œuvres brutes dans lesquelles l’art n’a fait tomber que la moitié du voile de granit qui cachait la statue, et