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les derniers bretons.

qui laissent douter s’il y a là-dessous quelqu’un ou si ce n’est qu’une pierre. Cependant, vu de près, le visage de la tueuse avait une expression singulièrement farouche. C’était une face anguleuse, pleine de lignes qui heurtaient l’œil et lui faisaient mal ; tandis qu’au fond de son regard atone flottait je ne sais quelle férocité rusée. Tout en elle portait le cachet de cette race celtique abâtardie, chez laquelle les qualités primitives ont dégénéré en vices correspondans, et qui tient à la fois du Cafre et du Siaoux. Elle répondait rarement aux questions qu’on lui adressait ; mais qu’un seul mot de la chanson terrible arrivât jusqu’à son oreille, et, comme frappé d’une commotion galvanique, ce corps de pierre se levait, cette grossière statue devenait chair et souffrance. Elle jetait des cris, se tordait les bras, tournait sur elle-même ; puis, tout-à-coup, comme