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les derniers bretons.

sifs et bien aiguisés, les idées originales, les mots énergiquement naïfs ; mais l’allure générale manque de légèreté, d’aisance, de prestesse. Il y a toujours dans le poète quelque chose d’un hercule qui joue aux osselets, une sorte de gaucherie qui montre que la muse n’est pas dans sa robe accoutumée, et que son costume joyeux n’est qu’un déguisement. Puis, ce style sans transitions, habituel aux poésies bretonnes, et qui s’allie merveilleusement à des élans de passions, convient mal à un lai plaisant qui ne brille que par les nuances, les rapprochemens ingénieux, l’expression facile, rieuse et bien nourrie. Ces vers hachés et brusques, ces phrases sans charnières, qui ne tiennent à rien, toutes ces sauvageries de style, charmantes ailleurs, sont ici déplacées et fatigantes. Ajoutez à cela que ce qui a fait rire le Breton n’est souvent comique que pour lui