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les derniers bretons.

historique breton. Il y a en effet dans les premiers une tournure dramatique, mouvementée, qui révèle l’imagination d’une race chevaleresque et fiévreuse ; le guerz breton, au contraire, reflète toute la grave tristesse de ce peuple à enveloppe de pierres qui ramasse tout au dedans et ne remue que juste ce qu’il faut pour vivre. Sa poésie est, comme lui, sans tempête, sans nuages apparens, à surface plane et limpide : on la voit claire jusqu’au fond. L’âme y glisse et s’y égare, comme une barque rêveuse, sans secousses de houle ni de rafale. L’aspect en est uniforme, monotone même, mais immense ! Elle reflète je ne sais quelle vague contemplation des grandes harmonies de la nature et de l’âme ; c’est comme l’accord d’une douleur innée avec les longs soupirs de l’Océan sur les tristes landes de nos baies.