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poésies de la bretagne.

que la persécution forçait à quitter leur paroisse ; l’affection pour le pays était, chez eux, le résultat du caractère, des croyances. et des habitudes. Abandonner la Bretagne, c’était renoncer à tout ce qui leur avait été doux sur la terre, c’était réellement passer d’une vie à l’autre. Ils étaient d’ailleurs accoutumés au calme de la retraite, et ils s’effrayaient d’être ainsi lancés dans les flots du monde ; ils avaient joui jusqu’alors de ces fortunes paisibles et abritées, de ces existences en espalier qui s’épanouissent à l’aise sous le soleil du pays, et voilà que maintenant, sans appui, il leur fallait résister à tous les orages et jeter leurs destinées en plein vent dans la vie ! Sans doute que la résignation et la force apostolique soutinrent leur courage ; mais leur cœur saigna, leur esprit s’assombrit profondément. Puis, il faut le dire, le lieu de l’exil ajoutait à sa douleur ;