Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/159

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Brave fils et digne mère ! comme de tels exemples ramènent à l’amour du genre humain ! Dans un accès de fantaisie misanthropique, on peut envier le sort du sauvage et préférer les oiseaux à ses pareils ; mais l’observation impartiale fait bien vite justice de tels paradoxes. À l’examen, on trouve que, dans cette humanité mêlée de bien et de mal le bien est assez abondant pour que l’habitude nous empêche d’y prendre garde, tandis que le mal nous frappe précisément par son exception. Si rien n’est parfait, rien non plus n’est mauvais sans compensation ou sans ressource. Que de richesses d’âme au milieu des misères de la société! comme le monde moral y rachète le monde matériel ! Ce qui distinguera à jamais l’homme de tout le reste de la création, c’est cette faculté des affections choisies et des sacrifices continués. La mère qui soignait sa couvée au coin de ma fenêtre s’est dévouée le temps nécessaire pour accomplir les lois qui assurent la perpétuité de l’espèce ; mais elle obéissait à un instinct, non à une préférence. Sa mission providentielle accomplie, elle a dépouillé le devoir comme un fardeau qu’on rejette,