Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/164

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suffire, par elle-même, à toutes les nécessités du ménage.

Un soir que j’entrais chez elle pour quelques menus achats, j’entendis se quereller dans l’arrière-boutique. Il y avait plusieurs voix de femmes parmi lesquelles je distinguai celle de Geneviève altérée par les larmes. En jetant un coup d’œil vers le fond, j’aperçus la fruitière qui tenait dans ses bras un enfant qu’elle embrassait, tandis qu’une nourrice campagnarde semblait lui réclamer le prix de ses soins. La pauvre femme, qui avait sans doute épuisé toutes les explications et toutes les excuses, pleurait sans répondre, et une de ses voisines cherchait inutilement à apaiser la paysanne. Exaltée par cette avarice villageoise (que justifient trop bien les misères de la rude existence des champs), et par la déception que lui causait le refus du salaire espéré, la nourrice se répandait en récriminations, en menaces, en invectives. J’écoutais, malgré moi, ce triste débat, n’osant l’interrompre et ne songeant point à me retirer, lorsque Michel Arout parut à la porte de la boutique.

Le menuisier arrivait de la barrière, où il avait passé