Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/174

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fils ambitieux et avare ! Je m’étais toujours dit qu’une fois élevé, nous l’aurions à nos côtés pour nous rappeler notre jeunesse et nous égayer le cœur ; sa mère ne pensait qu’à le marier pour avoir encore des enfants à soigner. Vous savez que les femmes, ça a toujours besoin de s’occuper des autres ! Moi, je le voyais travailler près de mon établi en chantant les nouveaux airs… car il a appris la musique, et c’était le plus fort de l’Orphéon ! — Une vraie rêverie, monsieur ! — Dès qu’il a eu ses plumes, l’oiseau a pris sa volée, et il ne reconnaît plus ni père, ni mère ! Hier, par exemple, c’était le jour où nous l’attendions ; il devait arriver pour souper avec nous ! Pas plus de Robert qu’aujourd’hui ! Il aura eu quelque dessin à finir, quelque marché à traiter, et les vieux parents, ça ne vient qu’en dernière ligne, après les pratiques et la menuiserie. Ah ! si j’avais deviné comment tournerait la chose ! Imbécile ! qui ai sacrifié pendant près de vingt ans mes goûts et mon argent pour élever un ingrat ! C’était bien la peine de me guérir de ma soif, de rompre avec les amis, et de devenir le modèle du quartier ! Le bon vivant s’