table de travail ; c’est un dessin où Gavarni, devenu sérieux, a représenté un vétéran et un conscrit[1].
À force de contempler ces deux figures, d’expression si diverse et si vive, toutes deux se sont animées devant mes yeux ; je les ai vues se mouvoir, je les ai entendu se parler ; l’image est devenue une scène vivante dont je me trouvais le spectateur.
Le vétéran avançait lentement une main appuyée sur l’épaule du jeune soldat. Ses yeux, à jamais fermés, n’apercevaient plus le soleil qui scintillait à travers les marronniers en fleur. À la place du bras droit se pliait une manche vide, et l’une des cuisses reposait sur une jambe de chêne dont le retentissement sur le pavé faisait retourner les passants.
À la vue de ce vieux débris de nos luttes patriotiques, la plupart hochaient la tête avec une pitié affligée, et faisaient entendre une plainte ou une malédiction.
- ↑ Voir dans le Magasin Pittoresque de 1847 cette belle composition.