Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/216

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levé, en frissonnant, pour la refermer à double tour ; puis, gagnant l’alcôve, je me suis couché à la hâte.

Mais le froid m’a tenu longtemps éveillé, et ma pensée a continué le rêve interrompu.

Les tableaux que j’accusais tout à l’heure d’exagération ne me semblent maintenant qu’une trop fidèle peinture de la réalité; je me suis endormi sans pouvoir reprendre mon optimisme… ni me réchauffer.

Ainsi un poêle éteint et une porte mal close ont changé mon point de vue. Tout était bien quand mon sang circulait à l’aise, tout devient triste parce que le froid m’a saisi !

Ceci rappelle l’anecdote de la duchesse obligée de se rendre au couvent voisin par un jour d’hiver. Le couvent était pauvre, le bois manquait, et les moines n’avaient, pour combattre le froid, que la discipline et l’ardeur des prières. La duchesse, qui grelottait, revint touchée d’une profonde compassion pour les pauvres religieux. Pendant qu’on la débarrasse de sa pelisse et qu’on ajoute deux bûches au feu de sa cheminée, elle mande son