Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/217

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intendant, auquel elle ordonne d’envoyer, sur-le-champ, du bois au couvent. Elle fait en suite rouler sa chaise longue près du foyer, dont la chaleur ne tarde pas à la ranimer. Déjà le souvenir de ce qu’elle vient de souffrir s’est éteint dans le bien-être ; l’intendant rentre, et demande combien de chariots de bois il doit faire transporter.

— Mon Dieu ! vous pouvez attendre, dit nonchalamment la grande dame ; le temps s’est beaucoup radouci.

Ainsi l’homme, dans ses jugements, consulte moins la logique que la sensation ; et, comme la sensation lui vient du monde extérieur, il se trouve plus ou moins sous son influence ; il y puise, peu à peu, une partie de ses habitudes et de ses sentiments.

Ce n’est donc point sans motif que, lorsqu’il s’agit de préjuger un inconnu, nous cherchons dans ce qui l’entoure des révélations de son caractère. Le milieu dans lequel nous vivons se modèle forcément à notre image ; nous y laissons, sans y penser, mille empreintes de notre âme. De même que la