Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/231

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en nous comme dans un miroir et nous remplit d’images qui deviennent, à notre insu, des germes d’opinion ou des règles de conduite. Tous les objets qui nous entourent sont donc, en réalité, autant de talismans d’où s’exhalent de bonnes et de funestes influences. C’est à notre sagesse de les choisir pour créer à notre âme une salubre atmosphère.

Convaincu de cette vérité, je me suis mis à faire une revue de ma mansarde.

Le premier objet sur lequel mes yeux se sont arrêtés est un vieux cartulaire provenant de la plus célèbre abbaye de ma province. Déroulé avec complaisance, il occupe le panneau le plus apparent. D’où vient que je lui ai donné cette place ? Pour moi, qui ne suis ni un antiquaire, ni un érudit, cette feuille de parchemin rongée de mites devrait-elle avoir tant de prix ? ne me serait-elle point devenue précieuse à cause d’un des abbés fondateurs, qui porte mon nom, et n’aurais-je point, par hasard, la prétention de m’en faire, aux yeux des visiteurs, un arbre généalogique ? En écrivant ceci je sens que j’ai rougi. Allons, à bas le cartulaire !