Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/42

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— Oui, oui, a-t-elle dit, et aussi par leur joie ! Les ris de ces petits, monsieur, c’est comme un chant d’oiseau, ça vous donne de la gaieté et du courage pour vivre.

Tout en parlant, elle a coupé de nouvelles tartines, et y a joint des pommes avec une poignée de noix.

— Allons, les chérubins, s’est-elle écriée, mettez-moi ça dans vos poches pour demain.

Puis, se tournant de mon côté :

— Aujourd’hui je me ruine, a-t-elle ajouté ; mais faut bien faire son carnaval.

Je m’en suis allé sans rien dire ; j’étais trop touché.

Enfin je l’avais découvert, le véritable plaisir. Après avoir vu l’égoïsme de la sensualité et de la pure intelligence, je trouvais le joyeux dévouement de la bonté ! Pierre, M. Antoine et la mère Denis avaient fait chacun leur carnaval ; mais pour les deux premiers ce n’était que la fête des sens ou de l’esprit, tandis que pour la troisième c’était la fête du cœur !