Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/49

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lointaines dont les habitudes différentes l’avaient depuis longtemps frappé.

L’une est une pauvre ouvrière levée avant le jour, et dont la silhouette se dessine, bien avant dans la soirée, derrière son petit rideau de mousseline ; l’autre est une jeune artiste qui fait arriver, par instants, jusqu’à ma mansarde ses vocalisations capricieuses. Quand leurs fenêtres s’ouvrent, celle de l’ouvrière ne laisse voir qu’un modeste ménage, tandis que l’autre montre un élégant intérieur ; mais aujourd’hui une foule de marchands s’y pressent ; on détend les draperies de soie, on emporte les meubles, et je me rappelle maintenant que la jeune artiste a passé ce matin sous ma fenêtre enveloppée dans un voile et marchant de ce pas précipité qui annonce quelque trouble intérieur ! Ah ! je devine tout ! ses ressources se sont épuisées dans d’élégants caprices ou auront été emportées par quelque désastre inattendu, et maintenant la voilà tombée du luxe à l’indigence ! Tandis que la chambrette de l’ouvrière, entretenue par l’ordre et le travail, s’est modestement embellie, celle de l’artiste est devenue