Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/50

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la proie des revendeurs. L’une a brillé un instant, portée par le flot de la prospérité; l’autre côtoie à petits pas, mais sûrement, sa médiocrité laborieuse.

Hélas ! n’y a-t-il point ici pour tous une leçon ? Est-ce bien dans ces hasardeux essais, au bout desquels se rencontre l’opulence ou la ruine, que l’homme sage doit engager les années de force et de volonté? Faut-il considérer la vie comme une tâche continue qui apporte à chaque jour son salaire, où comme un jeu qui décide de notre avenir en quelques coups ? Pourquoi chercher le danger des chances extrêmes ? dans quel but courir à la richesse par les périlleux chemins ? Est-il bien sûr que le bonheur soit le prix des éclatantes réussites plutôt que d’une pauvreté sagement acceptée ! Ah ! si les hommes savaient quelle petite place il faut pour loger la joie, et combien peu son logement coûte à meubler.

Midi. Je me suis longtemps promené dans la longueur de ma mansarde, les bras croisés, la tête sur la poitrine ! Le doute grandit en moi comme une ombre qui envahit de plus en plus l’espace éclairé.