Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/60

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de ma mansarde pour respirer l’air du soir.

C’est l’heure où Paris se montre dans toute sa beauté. Pendant la journée, le plâtre des façades fatigue l’œil par sa blancheur monotone, les chariots pesamment chargés font trembler les pavés sous leurs roues colossales, la foule empressée se croise et se heurte, uniquement occupée de ne point manquer l’instant des affaires ; l’aspect de la ville entière a quelque chose d’âpre, d’inquiet et de haletant ; mais dès que les étoiles se lèvent, tout change ; les blanches maisons s’éteignent dans une ombre vaporeuse ; on n’entend plus que le roulement des voitures qui courent à quelque fête ; on ne voit que passants flâneurs ou joyeux ; le travail a fait place aux loisirs. Maintenant chacun respire de cette course ardente à travers les occupations du jour ; ce qui reste de force est donné au plaisir ! Voici les bals qui éclairent leurs péristyles, les spectacles qui s’ouvrent, les boutiques de friandises qui se dressent le long des promenades, les crieurs de journaux qui font briller leur lanterne. Paris a décidément déposé la plume, le mètre et le tablier ; après la journée livrée au travail,