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Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/61

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il veut la soirée pour jouir ; comme les maîtres de Thèbes, il a remis au lendemain les affaires sérieuses.

J’aime à partager cette heure de fête, non pour me mêler à la gaîté commune, mais pour la contempler. Si la joie des autres aigrit les cœurs jaloux, elle fortifie les cœurs soumis ; c’est le rayon de soleil qui fait épanouir ces deux belles fleurs qu’on nomme la confiance et l’espoir.

Seul au milieu de la multitude riante, je ne me sens point isolé, car j’ai le reflet de sa gaieté; c’est ma famille humaine qui se réjouit de vivre ; je prends une part fraternelle à son bonheur. Compagnons d’armes dans la bataille terrestre, qu’importe à qui va le prix de la victoire ? Si la fortune passe à nos côtés sans nous voir, et prodigue ses caresses à d’autres, consolons-nous comme l’ami de Parménion, en disant : — Ceux-là sont aussi Alexandre !

Tout en faisant ces réflexions, j’allais devant moi, à l’aventure. Je passais d’un trottoir à l’autre, je revenais sur mes pas, je m’arrêtais aux boutiques et aux affiches ! Que de choses à apprendre