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Page:Souza - La Poésie populaire et le Lyrisme sentimental, 1899.djvu/164

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noient les formes d’eaux trop courantes. On est heureux alors que les arrêtent les hautes roches décoratives des transfigurateurs. Car l’erreur est profonde de croire qu’un poète est plus sincère, plus humain parce qu’il usera d’un lyrisme plus dépouillé. Par la révélation de la poésie populaire, nos poètes français ont retrouvé, depuis pau de temps, le sens du détail nu et dru, de l’expression fraîche et comme jetée ; « le sentiment » en a repris aussitôt la valeur d’art qu’il avait perdue, que plutôt même il n’avait jamais atteinte. Mais le haut lyrisme transfigurateur n’en doit pas plus, chez nous, subir d’humiliation que chez les poètes étrangers qui ont su boire les philtres populaires sans rien abolir en eux des plus transcendantes conquêtes imaginalives. Et l’on vient de voir que M. Henri Bataille n’était pas loin d’écarter ces dernières au seul profi t d’une poésie plus proche de nous, comme au jour le jour de l’intimité, et partant comme plus exclusivement humaine.