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Page:Souza - La Poésie populaire et le Lyrisme sentimental, 1899.djvu/25

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Les poètes, nous savons qu’ils existent autant les uns par les autres que par eux-mêmes, que Lamartine éthérise Hugo, que Vigny ennoblit Musset, que Baudelaire creuse Gautier, que Verlaine allège Leconte de Lisle, que la poésie enfin est cette sœur admirable qui, de ses mains pures, à travers les siècles ou dans le même temps, et des plus humbles aux plus illustres, sait faire la chaîne des frères ennemis. Et les poètes aujourd’hui forment des familles dont la vitalité, à la fois diverse et concordante, est près d’égaler peut-être en originalité créatrice les époques les plus généreuses.

Quant au chef-d’œuvre, avouons-le encore : nous l’ignorons. Nous savons que le reculement des âges érige, selon des perspectives souvent trompeuses, le chef-d’œuvre, c’est-à-dire l’œuvre dominatrice qui pour des yeux lointains nivelle autour d’elle les œuvres d’un temps ; mais nous