Mockel dans le premier tome de Vers et Prose, et l’on se demandera vraiment pourquoi l’on ne s’entend pas. M. Albert Mockel écrit :
« L’exaltation, oui, l’exaltation de nous-même, l’exaltation de ces rythmes secrets mais incompressibles que tout homme porte en soi, et qui sont ses aspirations, nées de ses vérités vitales… »
« … Les aspirations sont illimitées étant indéfinies, avec elles, sans le savoir, nous vivons dans l’avenir. Et le souvenir lui-même, lorsqu’il y a poésie, n’est que l’image inverse d’une aspiration vers la beauté encore inconnue qu’on espère. »
Nous avions dit nous-même dans la conclusion du Rythme poétique :
« La poésie est raffinement suprême des souvenirs ou des exaltations dont l’homme retrame son existence. »
Or, M. Sully-Prudhomme, pour expliquer ce qu’il entendait par aspiration, avait dit :
« Ah ! je ne vois pas distinctement ce à quoi j’aspire, je ne sens que trop ce que c’est qu’aspirer.
« … Sous le charme expressif des sons, notre mémoire s’éveille et notre imagination amorce à ces épaves qui flottent sur notre passé un rêve d’ineffable félicité. »
Et les mêmes expressions se retrouvent d’instinct sous la plume d’un savant dans l’analyse, il est vrai, d’un sens particulier :
Ce vers… représente admirablement l’aspiration finale de l’âme, qui déjà s’abreuve en esprit et en désir à la paix et à la félicité éternelle. » (Des bases physiologiques de la parole rythmée, par G. Verriest, p. 34, Louvain, 1894).
D’ailleurs Baudelaire avait déjà dit :
« Le principe de la poésie est, strictement et simplement, l’aspiration humaine vers une beauté supérieure, et la manifestation de ce principe est dans un enthousiasme, un enlèvement de l’âme, enthousiasme tout à fait indépendant de la passion qui est l’ivresse du cœur, et de la vérité qui est la pâture de la raison. » (Notes nouvelles sur Edgar Poe).