Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/19

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pour n’avoir pas vivifié suffisamment de poèmes jeunes les matinées Sarah-Bernhardt. « Cinq cents vers à copier ! » finit par jeter un impatient. Et le congrès s’acheva dans le délire du devoir parlementaire accompli.

Or, l’année 1901 passa, et ni les dédains de M. Gaston Deschamps, ni les dispositions du Testament poétique, ni les habiletés des « réformistes » par l’Académie, ni les tintamarres du « Congrès » ne réveillèrent les morts ; le prix Sully-Prudhomme lui-même n’amena pas quelque admiration résurgeante, — les morts s’obstinaient à garder un incroyable silence.


L’année 1902 fut la grande année des fossoyeurs. Ce fut l’année du Centenaire de Victor Hugo, puis la poussée des Renaissances et des Écoles.

Le Centenaire fut une des plus lamentables mystifications dont l’art lyrique ait eu à souffrir. Aucune note discordante n’y fut épargnée. En ce temps-là, M. Saint-Georges de Bouhélier disait : « Mon maître, Paul Meurice… » et il conviait à lui faire cortège jusqu’à nos cadavres, pour la plus grande gloire, évidemment, d’Hugo. Le Figaro notait donc ces affirmations :

« Aux environs de 1895, il eût pu paraître téméraire de demander aux jeunes poètes de fêter Victor Hugo. Ils avaient alors bien autre chose à faire. Ils s’intitulaient décadents et Stéphane Mallarmé obtenait leurs suffrages.

« Mais, depuis, ce dernier est mort, et comme il devait sa réputation à l’attrait un peu morbide que sa personne exerçait, avec lui sa gloire s’est éteinte à tout jamais.