Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/38

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toute l’étendue où l’art lyrique peut nous porter, d’enfoncer plus profondément nos jalons d’or.

Puis l’on ne s’imagine pas ce qu’il y a de jeunes esprits isolés qui s’ouvraient à la révélation d’art du symbolisme comme à une liberté nouvelle vraiment pure et qu’ont révoltés les pantalonnades dernières. Je viens, ces années passées, de parcourir la France dans tous les sens. Partout j’ai rencontré des fidèles étranges aussi passionnés de lyrisme et d’art que dégoûtés de la littérature. Ils ne nous comprenaient pas : notre mutisme les étonnait, un peu même les décourageait.

C’est que les œuvres ne peuvent pas être les seuls « faits » d’un art ; que ces faits soulèvent des actes extérieurs qui doivent provoquer une action. Négliger cette action est trahir l’œuvre même. Et toute négligence désoriente, alors que l’on attend pour assurer sa confiance l’affirmation des croyants. Ainsi les élastiques injures que nous venons de sentir sous nos pieds doivent nous être comme autant de petits tremplins qui ne permettent pas de rester sur place… Rebondissons. Il n’est rien de tel pour se reconnaître. On ne se dérobe pas à l’occasion d’un examen de conscience : d’une de ces actions pratiques qui sont comme les étais de la critique spéculative, qui lui donnent sa solidité. Toutes les manifestations de la vie, et les plus élevées, obéissent à la même loi : l’impossibilité de se soustraire, sans déchéance, à l’action correspondante des actes qui vous atteignent. Il n’est point de dignité plus fausse que d’ossifier notre patience, longtemps nécessaire pour plus de force, mais ainsi rendueimpuissante. Les œuvres existent autant par les idées dont on les enveloppe dont on les réchauffe que par elles-mêmes. Et l’action critique, pour les