Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/37

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(Et en 1902, les soirées inoubliables de Pelléas et Mélisande !… Cette prodigieuse union des deux arts fraternels !… la surprise jamais lassée du public qui semblait dire : « Comme on nous a trompés ») !

Ce qu’il y a de remarquable est qu’avec une égale entente du sens lyrique aucun de ces cinq livres de poèmes n’a quelque communauté de ton ou de couleur avec le voisin ; ils sont, chacun, aussi originaux que s’ils n’étaient pas alliés. Ouvrez les chefs-d’œuvre de nos pourfendeurs, des Gregh, Bouhélier, Magre, etc., vous serez frappés combien leur hybridité, malgré la différence des tempéraments, a des points de contact trop étroits.

Jamais silence n’eut par la force des choses plus belle victoire !

Pourquoi donc en sortir ? — Eh ! mon Dieu ! parce que nous ne sommes pas morts, mais en vie, surabondants de vie concentrée et mûre. Le silence peut être une nécessité de repliement ; qu’il se prolonge, c’est une abdication. La foi ne peut se taire.

Serait-ce que nous aurions tort d’accorder aux négations mal ordonnées des critiques officiels, aux timidités bourgeoises de certains ou aux cris de nos petits sauvages une importance qui ne leur viendrait que de notre attention ? Mais cette liquidation faite, nous ne leur en accorderons aucune. Seulement il n’est point vrai que les œuvres parlent toutes seules ; ce sont les idées mêmes qui se mangent comme des habits dans le silence, — ces bonnes laines réchauffantes des œuvres…

Il importe du reste d’aller plus avant dans l’avenir, de découvrir