Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/55

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Et en 1831, dans la préface de Marion Delorme, il concluait :

« Les misérables mots à querelle, classique et romantique, sont tombés dans l’abîme de 1830, comme gluckiste et picciniste (?) dans le gouffre de 1789. L’art seul est resté. »

Et voilà comment s’établissent les légendes, comment se fabriquent les victoires littéraires, qui sont le fait exclusif des générations qui suivent, selon qu’elles soutiennent l’assaillant ou, définitivement, le couchent à terre.

Les symbolistes, loin d’être hostiles à l’expression dramatique, comme on a pu le croire sur la foi de certains d’entre eux qui gardaient quelques vagues préjugés parnassiens, ne purent renouveler souvent leurs tentatives, n’ayant jamais eu de scène classée à leur disposition. Cependant deux théâtres originaux, véritables formes d’art, ont été créés en langue française au xixe siècle : celui d’Alfred de Musset, celui de Maurice Maeterlinck, et par une ironie singulière, sans que les auteurs eux-mêmes qui, l’un avait intitulé « es pièces Spectacle dans un fauteuil et l’autre, les siennes, Petits drames pour marionnettes, eussent été très conscients de leur nouveauté et de leur portée. — Ni l’un ni l’autre, du reste, n’avaient usé de toutes les ressources rythmiques et harmoniques du langage.

La courageuse entreprise de l’Œuvre produisit, avec les drames de Maeterlinck, de très belles choses comme l’Image de Maurice Beaubourg et le Roi Candaule d’André Gide, qui en ce moment même est sur le point d’être joué dans toute l’Europe ; et nous devons à M. Lugné Poë la plus grande reconnaissance pour sa vaillance à défendre le drame symboliste.