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Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/361

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ver changé, malade ; et je tremblais pour lui. Je l’ai pressé dans mes bras, avec toute l’ardeur du plus tendre attachement. Il y a paru sensible. — « Nous reviendrons ici bientôt, m’a-t-il dit ; car c’est ici que je veux passer le peu qui me reste à vivre. Mais aujourd’hui, mon enfant, je désire que tu m’accompagnes dans une terre que je n’habite plus depuis long-temps. J’y ai des affaires, et j’ai besoin de t’avoir avec moi. » — Je lui ai fait observer avec timidité que, s’il y avait bien long-temps qu’il n’avait été dans cette terre, il pouvait encore différer de s’y rendre. — Non, a-t-il repris : je veux te remettre le soin de nos biens ; et pour cela il faut que tu les connaisses. »

En disant ces mots il tenait ses yeux baissés ; car il se reprochait peut-être de ne pas me dire le vrai motif qui le portait à s’éloigner. Je savais aussi bien que lui, qu’il cherchait à m’enlever d’un séjour qui me rappelait trop vivement celle que nous avions perdue. Mais, comme il ne prononçait pas le nom de ma mère, je n’osais pas lui parler d’elle.

« Mon père, lui ai-je dit, permettez à votre fils de vous faire une question ; et