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Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/367

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son extrême bonté relève mon courage ! il est, au fond de mon cœur, un regret qui ne s’effacera point ; mais je saurai le cacher, pour consoler mon vieil ami ; car c’est le nom que mon père se donne en me parlant de lui. Actuellement, je m’efforce de paraître tranquille ; je cherche même à l’amuser. Je lis, je cause avec lui ; et sa bonté a plus d’empire sur moi, que n’en auraient les plus sages conseils dénués d’une si tendre affection.

Nous avons été reçus ici avec une joie très-vive par nos fermiers. Tous avaient l’air si enchantés de nous revoir, que je leur en ai su gré. Si mon père a négligé ses intérêts, en ne venant point dans cette terre, au moins ceux qui dépendent de lui n’en ont pas souffert. J’ai pu voir à leur aisance que, s’ils n’avaient pas joui de la présence de leur maître, ils n’en avaient pas été oubliés. Ces visages si contens me causèrent un moment de satisfaction. Mon père me les nomma ; il leur dit que je les rendrais heureux ; et je leur en fis la promesse, en me souvenant de ma mère.