Aller au contenu

Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


25 juin.

Il m’est resté de la soirée d’hier une vague inquiétude qui me poursuit encore. Aujourd’hui me promenant seul, je me plaisais à créer une ame et une figure enchanteresse pour cette voix qui était venue me charmer. En revenant sur toutes mes impressions, je me suis dit que si cette femme eût chanté un air gai ou vif, je ne l’aurais entendu que comme un bruit importun qui venait troubler ma rêverie. Il me semble que la joie a besoin de lumière ; qu’il faut, pour ainsi dire, voir la gaieté pour la partager : tandis qu’hier, la solitude, le silence de la nuit, m’avaient disposé à la mélancolie. Dans l’émotion où j’étais, ces sons plaintifs semblaient répondre à mes peines, et me faisaient désirer un cœur qui pût les partager, ou du moins les comprendre.