Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/381

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dant je ne pouvais surmonter cette déplaisance que l’on éprouve toujours en prévoyant un long ennui.

J’arrive ; à peine ai-je entendu le son du cor, la voix du chasseur, qu’à ma grande surprise je partage la gaieté générale. Tout entier à Marie, j’avais oublié que j’aimais les chiens, les chevaux ; et une fois au rendez-vous, je retrouvai ces premières passions de ma jeunesse.

Miss Sara m’appela près d’elle. Sa franche gaieté excitait la mienne ; il me semblait que nous avions passé notre vie ensemble. J’admirais ses grâces, son courage, et même sa témérité. Le soleil était dans tout son éclat, l’air pur, le ciel sans nuage. Nous franchissions tous les obstacles ; elle me semblait une divinité aérienne. Malheureusement le cheval de Sara fit un faux pas ; elle tomba ; je me précipitai pour la secourir. Elle voulut aussitôt remonter à cheval : je m’y opposai. Si elle ne redoutait pas le danger, au moins désirais-je qu’elle s’arrêtât un instant sur celui qu’elle avait couru ; qu’elle jouit avec moi du bonheur d’y avoir échappé : peut-être même lui aurais-je voulu la crainte, la timide faiblesse