Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/386

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vance à la contrariété que j’éprouverais si une autre qu’elle venait s’y asseoir ! J’arrangeais l’autre côté du salon pour le reste de la famille. Mon père était présent à tous ces préparatifs : mon empressement le faisait sourire ; et pour achever de l’égayer, j’allai prendre quelques livres grecs et latins que je posai sur la table qui est dans le milieu du salon. « Voilà, dis-je à mon père, de quoi me réhabiliter dans l’estime de miss Eudoxie. » — Il entra dans cette plaisanterie de fort bonne grâce ; et me saluant avec un profond respect, il osait, disait-il, me représenter que c’était porter trop haut mes prétentions que de vouloir plaire à cette savante personne. — La bonne humeur de mon père ajoutait à la mienne ; et nous nous amusâmes à passer en revue les ridicules d’Eudoxie ; je me donnai la joie de me moquer de toutes ses prétentions ; car je trouvais un secret plaisir à me venger ainsi de l’ennui que sa seule vue allait m’inspirer. — Mon pauvre père ne parla point de Sara, et je n’en fus pas surpris ; mais j’étais un peu blessé qu’il ne songeât point que c’était à Marie qu’on pouvait sérieusement sou-