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Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/389

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juger de la solidité de mes lectures. Je me réjouissais de l’avoir vue tomber dans le piége que je lui avais préparé ; mais j’en fus bien puni, car elle m’appela près d’elle, pour entreprendre une dissertation sur un des plus graves auteurs. — Heureusement que Sara vint me tirer de sa pédanterie. D’abord elle avait commencé par ôter son chapeau, comme si elle eût été chez elle, et l’avait jeté sur la table près de laquelle nous étions : ensuite, elle s’avisa de couper toutes les belles phrases de sa sœur, en y mêlant les chiens, la chasse, des questions sur l’étendue des réserves que mon père faisait pour le gibier, et mille autres objets aussi intéressans. — Eudoxie se montrait saisie d’indignation : ses lèvres étaient pincées ; elle se redressait d’un air majestueux ; ses yeux étonnés se portaient sur moi, sur sa sœur ; et elle paraissait ne pouvoir pas comprendre tant d’irrévérence.

J’avais fort envie de rire ; Marie, qui s’en aperçut, ne put s’empêcher de me regarder en souriant aussi ; mais à l’instant, elle se détourna, comme si elle se fût reproché d’avoir abandonné Eudoxie à mon esprit moqueur.