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GERTRUDE

Mon Dieu…

PIERRE

Mon Dieu… Dès mon retour, telle fut ma pensée
Bien aimante et d’autant plus désintéressée
Que je ne connaissais que ce qui nous sépare !
Et comment voulez-vous que je songe au départ,
Lorsque par votre aveu je découvre à présent,
Que nous nous attendons depuis plus de quinze ans,
Et que vous me montrez ce passé qui nous lie
Par toute sa tendresse et sa mélancolie !

GERTRUDE s’est levée tandis que Pierre se rapprochait d’elle ;
elle balbutie,

Ces quinze ans…

PIERRE, l’arrêtant,

Ces quinze ans… Ne m’en parlez pas ! Croyez-vous donc
Que je ne sente pas ce que fut l’abandon
De votre vie, au cours de tant d’heures maudites,
Si vous m’avez aimé comme vous me le dites ?
N’est-ce pas vrai ?

GERTRUDE

N’est-ce pas vrai ? Mon Dieu…

PIERRE, lui saisissant la main,

N’est-ce pas vrai ? Mon Dieu… Qu’importe ce passé