Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/113

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D’ailleurs, puisqu’il dépend de nous de l’effacer.
En donnant à nos cœurs libres et maîtres d’eux,
Le bonheur qu’autrefois nous voulions tous les deux !

GERTRUDE, tentant, mais faiblement, de s’écarter de Pierre,

Le sort n’a pas voulu !

PIERRE, l’attirant à lui,

Le sort n’a pas voulu ! Nul sort n’est inflexible !
Je ne sais qu’une chose qui soit impossible
Quand le bonheur est là, devant vous, devant moi,
C’est que nous le perdions pour la deuxième fois !
Mais si vous regrettez nos jours de doux accord,
Si vous pleurez, c’est donc que vous m’aimez encore !
Et puisque mon amour possède tout mon être,
Qui peut nous arracher l’un à l’autre ?…

GERTRUDE qui, dans les bras de Pierre, défaillante,
est prête à lui laisser ses lèvres, le repousse soudain
avec un geste d’effroi et ces mots, sourdement,

Qui peut nous arracher l’un à l’autre ?… Le Maître !…

Pierre recule ; Gertrude s’est tournée vers la porte du fond qui s’ouvre et Corneille entre. Il n’a rien vu, préoccupé par sa pensée, mais aperçoit de suite Pierre.
CORNEILLE, allant à lui.

Ah, c’est vous, Pierre…