Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/13

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avant même que l’on n’entrât dans la grande salle du rez-de-chaussée où, d’habitude, travaillait MAÎTRE CORNEILLE.

Le luxe ici disait l’opulence du maître. Les cloisons de bois étaient couvertes, dans leur partie supérieure, de cuir de Malines, gaufré d’or sombre et chaud. Au plafond, les têtes des solives étaient sculptées. Près de la porte d’entrée une très large fenêtre, aux carreaux petits, ronds et sertis de plomb, s’enfonçait dans une sorte d’avant-corps, assez profond pour que deux bancs de bois en garnissent les parois latérales, et comme cette fenêtre occupait le coin coupé de la demeure entre la place et le quai, quand on l’ouvrait la vue s’étendait sur l’écluse et le canal toujours pleins de vaisseaux. À gauche de la fenêtre, un escalier de deux volées montait à l’étage, mais seule la première était visible de la salle car une porte fermait le palier. Un large et haut coffre de chêne, bardé de pentures, clos d’une épaisse serrure, occupait l’angle formé par l’escalier et la cloison de gauche. Il y avait ensuite une porte, puis des casiers nombreux bourrés de papiers, de gros livres, de parchemins roulés dont pendaient les sceaux ; contre le mur une carte aux couleurs violentes étalait des mers et des continents, et devant les casiers, la table aux pieds massifs, couverte d’un tapis d’Orient, encombrée de papiers, de registres et de rouleaux, portait un encrier, de la cire, des cachets et, debout dans un mortier de bronze, un paquet de plumes d’oie. Au mur