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Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/33

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CORNEILLE

Les affaires vont donc si bien ? Superbement ;
Tant qu’on en veut !

JOORIS

Tant qu’on en veut ! C’est la fortune alors ?

CORNEILLE

Tant qu’on en veut ! C’est la fortune alors ? Complète !
Et l’orgueil de savoir que soi-même on l’a faite !

JOORIS, sans ironie.

Je t’admire !

CORNEILLE

Je t’admire ! Eh, plus d’un voudrait être à ma place !
J’ai commencé comme eux cependant, sans audace,
Sans argent ; commettant méprise sur méprise ;
Routine, petits gains, petites entreprises,
Et, crainte des périls ou faute de pratique,
N’osant pas dépasser le seuil de ma boutique !
Mais un jour, étouffant dans ces vieux murs sans air,
J’ai compris qu’il fallait se tourner vers la mer,
Et qu’elle ouvrait, plus sûre et plus vaste qu’aucune,
La grand’route par où s’en viendrait la fortune !
Ah, certes, les débuts n’ont pas été faciles
Et j’ai dû m’obstiner pour la rendre docile !
Cent fois, rage stupide ou ruse scélérate,
Elle a jeté sur moi ses vents ou ses pirates,