Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/34

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Et j’ai vu s’en aller vers des ports inconnus
Plus d’un royal vaisseau qui n’est pas revenu !
N’importe ! Déjouant ses caprices fantasques,
J’ai vaincu le pirate et dompté la bourrasque ;
Je l’ai fait obéir et la tiens désormais !
La mer, comme la femme, est à qui la soumet !

JOORIS

Je t’admire !

CORNEILLE

Je t’admire ! Aujourd’hui mes livres me proclament
Le plus riche bourgeois de la ville de Damme !
Bruges et Gand n’ont pas un comptoir estimé
Comme le mien ; trois fois les courtiers m’ont nommé
Doyen ! Voilà ma chance ! Et j’en sais la durée ;
Car, puisque c’est la mer qui, par chaque marée,
Fait monter les écus dans mon coffre de fer,
Ça durera toujours, mon vieux, comme la mer !

(Ayant ainsi parlé, Corneille retourne vers sa table)
JOORIS

Je t’admire ! Et parfois je t’envie !… Et pourtant…

CORNEILLE, s’arrêtant,

Quoi donc ?

JOORIS

Quoi donc ? Quel âge as-tu ?