Rien ! Un désert de sable et de tourbe, des eaux
Sournoises, entourant des forêts de roseaux,
Et la rage des flots sur toute la contrée
Par les nuits d’équinoxe et de hautes marées !
Or, c’est pour conquérir cela, qu’un matin clair,
Notre première digue osa barrer la mer !
Que de fois cependant sa fureur inlassable
Déracinant les pieux et balayant les sables,
Par la complicité d’une nuit de gros temps
Détruisit en une heure un effort de vingt ans !
N’importe ; peu à peu nous sommes parvenus
À créer, sur ce sol marécageux et nu,
Des havres, des canaux, des chemins de balises,
Des villes, avec des beffrois et des églises,
Et, riches des trésors que les nefs y débarquent,
Devenus des bourgeois enviés des monarques,
Nous avons réuni dans ce petit comté,
Plus d’or qu’aucun pays n’en a jamais compté !…
C’est vrai !
Notre ville opulente où sont couchés nos pères,
Nous souffririons qu’un jour tout cela ne soit plus,
Parce que l’Océan, dans un dernier reflux,
Abandonnant nos quais changés en terrains vagues,