Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/43

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Nous aurait infligé la trahison des vagues ?
Non ! Non ! Rassurez-vous ! Le pays comprendra
Que son destin dépend de l’effort de nos bras,
Et si la mer s’obstine à fuir quand on l’appelle,
Nous la ramènerons chez nous, à coups de pelle !

JOORIS, approuvant.

Allons tant mieux !

PIERRE

Allons tant mieux ! La mer est sournoise et rusée,
Maître !

CORNEILLE

Maître ! Sans doute, mais ses ruses sont usées,
Et nous savons comment la prendre, mon garçon !
Voici quatre cents ans que nous la connaissons ;
C’est trop pour nous laisser jouer !

(À Jooris)

C’est trop pour nous laisser jouer ! Et maintenant,
Retiens bien ce que je t’ai promis : Dans un an
Tu suivras le chenal sans accrocs, sans déboires,
Peut-être sans pilote !… Et là-dessus, viens boire !
Tu m’as tant fait parler que j’ai la gorge rude !

Et Corneille et Jooris s’en vont par la porte d’entrée. Pierre reste un instant seul, debout, songeur, puis, à droite, la porte s’ouvre et Gertrude apparaît portant un plateau sur lequel sont alignés des verres autour d’un grand gâteau. Elle a enlevé son tablier et baissé les manches de son corsage.