Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/86

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JOORIS, tristement,

Que dis-tu là ? Ma ville eut ses jours triomphants
Jadis, et nous étions fiers d’être ses enfants !
Sa force était la nôtre et sous sa bonne étoile
Nous parcourions les mers du monde à pleine voile !
Mais depuis que son port est noyé par les sables,
Ma ville, la voilà, pauvre, méconnaissable.
Triste comme un courlis dont on brisa les ailes,
Et mes yeux ont beau la chercher ; ce n’est plus elle !

CORNEILLE

Mais si c’est vrai, soyons encor plus résolus !
Ayons plus de courage encor !

JOORIS

Ayons plus de courage encor ! Je n’en ai plus.

CORNEILLE

Et pourquoi ?

JOORIS

Et pourquoi ? Parce que depuis plus de quinze ans
Je vois tous nos efforts rester insuffisants
Tandis que le péril ne cesse de grandir !
Bruges, l’Écluse et nous, afin d’approfondir
Ce chenal dont dépend toute notre existence,
N’avons-nous pas, en vain, réclamé l’assistance