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POMONA

Qu’as-tu ?… Voici déjà longtemps que j’étouffais
Sous la chape de plomb de ces mornes nuées !
On dirait que je sens mon âme exténuée,
Et que, sournoisement, me gagne et m’envahit
Ce froid, dont l’âpre hiver a tué ton pays !

JEAN

Mais, Pomona, bientôt mon pays, fatigué
D’avoir froid, va sourire au printemps jeune, gai,
Luisant, plein de chansons et de fleurs, et joli
Comme le plus joli printemps de Tivoli !

POMONA

Qu’importe ! Serait-il absolument pareil
À nos printemps latins caressés de soleil,
Advînt-il qu’une nuit tiède lui suffise
Pour fleurir tous les champs au souffle de ses brises,
Il pourrait, par l’ardeur brûlante de ses flammes,
Dégeler vos canaux peut-être, mais vos âmes !

JEAN

Nos âmes ne sont pas différentes des vôtres ;
Que veux-tu dire ?

POMONA

Que veux-tu dire ? Hélas ! Tu es pareil aux autres,