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POMONA

Ah ! ne ris pas ! Je suis malade, j’ai la fièvre…

JEAN

Pomona…

POMONA

Pomona… J’ai si mal d’être loin du soleil !
Dès que j’ouvre les yeux le matin, je réveille
Toute ma peine avec mes souvenirs ! Je songe
À ce qu’il me faudra d’efforts et de mensonges
Pour vivre un jour entier sans te montrer mes larmes !
Ah ! dis, ne sens-tu pas toi-même que le charme
Du ciel bleu, du vent doux et de l’air onctueux,
Donnait à notre amour un goût voluptueux ?

JEAN

Mais oui…

POMONA

Mais oui… Ne sens-tu pas combien c’est autre chose :
Se dire que l’on s’aime auprès des lauriers-roses ?
Frémir quand ton baiser me touche, en même temps
Qu’un rayon de soleil, sans bien savoir pourtant
Quelle caresse est la plus chaude et la plus franche ?

JEAN (ému)

Mais oui…