Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/118

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Mais oui… Rappelle-toi nos beaux jours ! Ce dimanche
Où tu me conduisis, dans notre chariot,
À la trattoria du Monte Mario ?
Pour la première fois, nous nous étions parlé
D’amour. Il faisait chaud ; tu voulus t’installer
Dans le petit jardin, à l’ombre de la treille.
Nous avions soif ; tu demandas une bouteille
D’orvieto ; je vois sa couleur orangée !
Je bus ; et lorsque feus en bouche une gorgée,
Tu m’as souri : j’étais émue et un peu grise,
Et tu m’as dit : Je veux ma part ! Et tu l’as prise !

JEAN

Pomona…

POMONA

Pomona… Souviens-toi des soirs chauds de septembre ;
De notre sommeil nu dans ma petite chambre ;
Des doux jeux de notre paresse coutumière,
Quand nous nous réveillions baignés par la lumière ;
Alors tu comprendras qu’ici, quand je me couche,
Je grelotte, malgré mes draps, malgré ta bouche !

JEAN (l’attirant à lui)

Ah ! Pomona ! Viens dans mon cœur ! Ai-je cessé,
Dis-moi, de te chérir et de te caresser ?