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À prononcer le nom qui vient de l’effleurer,
C’est que j’ai résolu de ne plus en pleurer !

KAATJE (affectueuse)

Pourquoi ? Si ton chagrin peut trouver dans les larmes
Quelque soulagement ! Vois-tu, ce qui désarme
Tes parents, désireux de combattre ce mal,
C’est ton renoncement douloureux et total !
S’ils t’entendaient, demain, sans cesser d’être triste,
Leur parler de nouveau comme parle un artiste,
Si, sans cacher tes pleurs cependant, tu voulais
T’asseoir comme autrefois devant ton chevalet,
Cet effort leur ferait un bonheur indicible !

JEAN (lentement)

C’est justement cela qui ne m’est plus possible !
Certes, à tout instant j’ai le soudain émoi
De revoir son image entre le monde et moi,
Et sa forme, son teint, la grâce de ses poses,
Je les retrouve aux tons comme aux lignes des choses.
Mais si je sens alors mon cœur irrésolu,
Je crois bien cependant que je ne l’aime plus,
Et que je souffre moins de ne l’avoir suivie,
Que du vide effrayant qu’elle a fait dans ma vie !

KAATJE (surprise)

Comment ?…