Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/16

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et éclater presque toujours comme un pétard banal. Or, la fameuse scène à faire ne doit jamais se faire parce que l’auteur s’y applique, elle se fait d’elle-même parce que les situations l’amènent naturellement et en ce sens aucune scène n’est à faire ou toutes le sont.

Mesdames et Messieurs, vous qui êtes le public et qu’on accusa d’être peu accueillants quand sur un de nos théâtres apparaissait une pièce belge, vous n’aviez donc pas tort tout à fait de ne point souligner par vos battements de mains, l’interprétation scénique de tel ou tel de nos travaux malheureux. C’est vous, somme toute, qui avez vu clair ; et ce qui le prouve c’est que dès qu’une réelle originalité s’est manifestée dans notre littérature dramatique, vous ne l’avez boudée et méconnue que peu de temps et qu’aujourd’hui vous l’acclamez. Je regrette que dès l’apparition de l’Intruse et de l’Intérieur vous n’ayez pas rompu immédiatement avec vos anciennes défiances, mais vous avez célébré Monna Vanna, vous avez exalté Pan et vous voici affirmant par un concours cinquante fois répété le triomphe de Kaatje.

Ce qui a dû changer pour que notre théâtre comptât, ce n’est pas seulement la présentation extérieure de l’œuvre, la mise en scène, le lieu de l’action, la situation des personnages, mais c’est le sentiment et la vie interne auxquels ils obéissent.

Les premiers parmi nous, Van Lerberghe et Maeterlinck l’ont compris. Leurs drames d’inquiétude,