Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/15

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sés, notre légèreté pénible. Nous dansons avec des pieds de plomb.

Si le hasard nous accorde quelque esprit, immédiatement nous le mettons trop en évidence ; toute discrétion disparaît. Au lieu de le placer comme un bibelot de bon goût au coin d’une étagère, nous l’exhibons à la fenêtre à front de rue, avec une ostentation provinciale.

Et encore si l’attirance despotique du théâtre parisien nous avait conduits vers des sujets moins insipides que des badinages autour d’une table de salon ou d’un guéridon de boudoir ou moins rebattus que les querelles et les démêlés entre époux, en des intérieurs bourgeois, si elle nous avait, à la suite des Blanchette ou des Coups d’aile, entraînés vers l’étude des mœurs départementales, la maladresse de notre imitation eût paru moins offensante.

Mais nous choisissions précisément les thèmes les plus usés des drames français. Le mari et la femme toujours en lutte, l’amant inévitable, la jeune fille vicieuse, le fils coureur de dot ou pilier de club, les domestiques sournois et d’obséquiosité insolente, l’intrigue banale, la situation prévue, la scène à faire. Oh ! cette éternelle scène à faire que réclamait avec une obstination sénile le vieux Sarcey et que toute la critique exigeait après lui et qui était toujours à faire et à refaire et qui semblait la raison d’être de toute pièce et qu’on sentait se nouer, à l’aide de trucs et de ficelles et s’approcher et se dérober, pour revenir