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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/171

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En mettant sur sa toile avec votre lumière,
La bonne intimité des choses coutumières,
La ville, le jardin, la maison des parents,
La vieille chambre où rôde un parfum pénétrant,
Fait d’ordre, de bien-être et de fleurs invisibles…

Jean, depuis longtemps, a écouté Kaatje avec plus d’attention. Il s’est levé, ému, quand elle lui a montré, toujours assise près de la fenêtre et baignée par les rayons du soleil couchant, le bel horizon de son pays. Peu à peu, il a semblé plus touché par ses paroles et maintenant, soudain, il l’interrompt et continue, la voix tremblante :
JEAN

Et, près de la fenêtre où son profil, paisible,
Baigné par la clarté du jour à son déclin,
Se penche doucement sous sa coiffe de lin,
Celle dont le cœur clair et simple me révèle
Un monde palpitant d’une beauté nouvelle !
Ah ! Kaatje… dis-tu vrai… Me montres-tu ma voie ?…

De plus en plus ému.

Mais pour m’avoir donné, tout à coup, tant de joie,
Pour avoir deviné mon cœur mieux que moi-même…
Kaatje… tu m’aimes donc un peu ?

KAATJE (qui s’est levée, très émue et très simplement)

Kaatje… tu m’aimes donc un peu ? Ah ! si je t’aime !…