Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se fût-elle déroulée en Flandre elle eût été la même. Ce n’est pas le lieu de la scène qui nous intéresse surtout ; c’est l’esprit qui se répand à travers les péripéties du drame. On peut imaginer — que de fois on l’a fait ! — des intrigues qui se nouent et se dénouent en pleine terre flamande ou wallonne et qui ne nous séduisent guère pour la simple raison que les personnages sont d’ailleurs. Vous aurez beau transporter dans un salon bruxellois le jeune premier et la jeune première et le père noble et la duègne et le larbin important et la soubrette accorte, votre art sera sans vertu, s’ils parlent, pensent, agissent, badinent, rient, pleurent comme dans les pièces des auteurs boulevardiers. Ce n’est point la présentation extérieure qui nous intéresse ; c’est l’âme, la psychologie, la vie que nous voulons sentir autochtones.

Si, quelque jour, le théâtre doit occuper une large place dans notre art, de grâce que ce ne soit pas à cause de son caractère superficiellement et banalement national. Ce serait l’appauvrissement inévitable et le dessèchement rapide. Le lieu de l’action et le sujet traité importent peu ; c’est l’originalité de la pensée et de l’émotion qui demeurent capitales.

Il faut que nous nous attaquions aux généralités éternelles, à ce qui demeure au delà de notre temps, à ce qui existe au delà de notre horizon. Les passions universelles, les idées universelles, les magnétismes universels doivent nous requérir, avant tout.

Quand Maurice Maeterlinck écrit ses premiers